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Musicien

Dave Greenfield

Date de naissance 29.3.1949 à Brighton, East Sussex, Grande-Bretagne

Date de décès 3.5.2020

Alias David Paul Greenfield

Dave Greenfield

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Dave Greenfield est le claviériste du groupe britannique The Stranglers depuis 1975. Guitariste de plusieurs groupes amateurs ou professionnels avant 1975, il migre par hasard aux claviers. Bien que n'étant pas vraiment un compositeur, le son de ses claviers entre pour beaucoup dans la définition du son des Stranglers.

Biographie

Enfance et jeunesse

Né le 29 mars 1949 à Brighton, David Paul Greenfield est le fils d'un ancien musicien professionnel qui s'est reconverti dans l'imprimerie[1]. Au lycée, il fait la connaissance d’un camarade plus âgé qui lui apprend la guitare et l’enrôle, en tant que guitariste rythmique, dans son groupe amateur : The Ambassadors[2]. En parallèle, il apprend le piano tout seul à la maison et la théorie musicale à l'école. Entre The Ambassadors et The Stranglers, il va intégrer dix-huit groupes amateurs ou professionnels[3] et migrer aux claviers, un peu par hasard, parce qu’un de ces groupes a besoin d’un claviériste[4].

Carrière musicale

Avant les Stranglers

Dave quitte le lycée à 17 ans, sans le A-level, pour rejoindre un groupe qui part en tournée en Allemagne. Entre 1966 et 1975, il fait le circuit des bases américaines et des clubs locaux[5] et enregistre son premier 45 tours en 1970 au sein du groupe Blue Maxi. Cette reprise de Jerry Keller, Here Comes the Summer, qui sort en France, en Hollande et en Grande-Bretagne, ne rencontre aucun succès[6]. Puis il rejoint le groupe de rock progressif Rusty Butler en 1973 et enregistre des maquettes qui ne sortiront jamais, avec eux[7]. Il quitte Rusty Butler en avril 74 pour rejoindre un autre groupe de rock progressif, Credo qui se sépare au printemps 75[3], laissant Dave au chômage. Jusqu'à présent, il n'a pas eu beaucoup de chance avec ses groupes successifs mais il continue à espérer trouver les bons partenaires[2]. En juillet 1975, il est en vacances en Allemagne quand sa tante qui fait un peu office de manager, trouve la petite annonce des trois autres Stranglers dans le Melody Maker[3].

Les Stranglers

L'audition a lieu dans la maison de Chiddingfold que Jet Black a louée pour le groupe et Dave est instantanément adopté[3]. Hugh Cornwell dira, des années plus tard, que son style proche de celui de Ray Manzarek a fait pencher la balance en sa faveur[8]. Son premier concert avec le groupe a lieu le 24 août 1975 au Watchfield Free festival, moins d'un mois après son arrivée[9]. Selon l'un des premiers managers du groupe, Brian Crook : « L’influence de Dave sur le groupe est essentielle. Il les a soudés, sans doute possible. Son habileté à jouer était remarquable. Ils ne pouvaient plus échouer à ce moment-là. Le jour où il a été embauché, vous pouviez dire avec certitude qu’ils allaient y arriver. »[10] Outre le fait qu'il tire les trois autres vers le haut, il apporte quelque chose de différent et permet au groupe de trouver son style. Jean-Jacques Burnel témoignera des années après : « Quand Dave est arrivé, il a apporté un côté plus sombre dans le mélange avec son orgue gothique et j'ai pu m'identifier davantage avec ça. Nous avons commencé à trouver une direction. »[11] Dave lui-même dépeint le groupe, à partir de là, comme les quatre pôles opposés d'un aimant[12].

Étant le musicien le plus doué et le seul qui soit un professionnel à son arrivée, son incorporation est liée au succès du groupe. Un de leurs proches témoignera : « Je sais qu'il y avait l'idée dans l'air que Dave leur donnait beaucoup de son temps et que, s'ils ne décollaient pas, alors il s'en irait, ferait autre chose et choisirait un autre vecteur, ce qui était normal. »[13] Finalement, Dave se stabilisera avec les Stranglers pendant tout le reste de sa carrière et enregistrera avec eux ses premiers albums. Il collaborera également avec JJ Burnel sur plusieurs projets solo initiés par celui-ci.

Œuvre musicale

Formation et influences

Contrairement à ce qu'on a beaucoup dit, Dave connaissait à peine les Doors en 1975 et n'avait pas subi l'influence de Ray Manzarek. Il préfère parler de « développement parallèle »[14]. En fan de rock progressif qu'il est, ses premiers modèles sont plutôt Rick Wakeman de Yes et Jon Lord de Deep Purple[15]. Parmi ses autres influences musicales, il cite les Beach Boys[5], les Beatles et Motown[16]. Mais très vite, il déclare ne plus écouter les autres claviéristes « au cas où je serais influencé inconsciemment. »[17]

Style musical

En tant qu'instrumentiste

En choisissant Wakeman et Lord pour modèles, soit deux authentiques virtuoses, Dave Greenfield a mis la barre très haut mais sa technique irréprochable est en évidence dès les premiers albums[18]. Dans le contexte du mouvement punk, c'est d'ailleurs un motif de reproche pour certains supporters du punk rock. En 1997, le magazine Keyboard Review juge que : « Une des principales raisons de la longévité et de l'attrait des Stranglers tient au travail obsédant et souvent complexe de Dave Greenfield aux claviers. »[19]

Dès le début, si les Stranglers est un groupe instantanément reconnaissable, c'est en grande partie grâce à lui. De même, l'évolution que connaît le groupe, notamment sous sa forme MK I, provient, pour beaucoup, de l'évolution de son matériel ainsi que de sa manière de jouer : il passe ainsi des arpèges rapides joués à l'orgue Hammond sur Rattus Norvegicus aux séquences programmées sur Norfolk Coast en passant par les accords tenus typiques de la new wave des années 1980 sur Feline. Pendant la majeure partie de sa carrière au sein des Stranglers, Dave fait une recherche constante sur le son, ce qui vaut au groupe cette appréciation du journaliste spécialisé Mark Jenkins : « Les Stranglers sont restés un bon exemple de groupe actif qui a fait évoluer les sons analogiques comme numériques des claviers depuis leur apparition dans les années 70 jusqu'à aujourd'hui. »[20]

Bien qu'ayant peu apporté de compositions (Golden Brown est un contre-exemple célèbre), c'est un élément essentiel du groupe par les arrangements qu'il apporte. Hugh Cornwell a expliqué leur méthode de travail sur les premiers albums, dans le livre qu'il a écrit pour expliquer les chansons : « John [JJ Burnel] et moi mettions au point la manière dont la chanson se combinait avec les textes pendant que Dave nous accompagnait. John ou moi lui disions si ça nous convenait alors il pensait 'S'ils aiment ça, je vais en faire plus.' John et moi changions ce que nous écrivions pour faire de la place à Dave et c'est pourquoi les chansons sont si bien arrangées parce qu'il y avait beaucoup d'interaction entre les trois instruments mélodiques. »[21]

Cette méthode change avec les années et l'éloignement géographique et humain des différents membres du groupe. Dans les années 1990, les changements de personnel font que Dave se sent bien souvent marginalisé. Il déclare dans la biographie officielle publiée en 1997 : « John [Ellis] et Paul [Roberts] arrivent maintenant avec des chansons finies et veulent qu'elles soient enregistrées telles quelles. Autrefois, les chansons étaient des catalyseurs. »[22] C'est une source de frustration pour lui et il envisage même de quitter le groupe[23]. À partir de 2004, le retour à une formule qui privilégie le travail collectif lui permet de participer de nouveau à l'arrangement des titres et aux claviers de retrouver leur prééminence sonore.

En tant que chanteur

Dave est également le troisième chanteur des Stranglers entre le premier album Rattus Norvegicus et le cinquième The Gospel According to the Meninblack. Il interprète à chaque fois une chanson sur chacun de ces albums, essentiellement parce que les deux autres instrumentistes avaient du mal à assurer en même temps chant et jeu[24].

Matériel

En 1975, Dave débarque dans le groupe avec un orgue Hammond L100 et un piano de marque Hohner Cembalet (dont la production a déjà été arrêtée à cette époque). C'est avec cela qu'il enregistre les deux premiers albums en totalité ou en partie[4]. Il cite encore aujourd'hui le Hammond comme son instrument préféré[19]. Il commence à utiliser des synthétiseurs à partir du deuxième album No More Heroes[25], notamment le Mini Moog[4]. Mais le grand changement se produit lorsque le groupe enregistre son quatrième album The Raven pour lequel Dave s'équipe d'un synthé polyphonique, en l'occurrence l'Oberheim 8 voice qui est encore analogique. Il utilise également le piano électrique Yamaha CP 30 et un petit synthé EDP de type Wasp[26].

Les années 1980 voient un nouveau changement de matériel : les synthés polyphoniques sont maintenant constitués du synthé analogique/numérique PPG Wave 2 accompagné d'un Oberheim OB-Xa[27] ou OB-8[28]. Le Mini Moog est resté mais pas le Wasp ni le piano Yamaha. Au début des années 1990, le PPG Wave est abandonné au profit de l'Oberheim OB-8 et des premiers échantillonneurs de marque Akai et Ensoniq[29]. Depuis, il reste fidèle à la marque Akai pour les samplers, utilisant successivement le S1000 en 97[19] et le S3000 en 2004[20] ainsi que des synthés numériques Yamaha DX7 et Roland JD-800[19].

Héritage musical

En Grande-Bretagne, les claviéristes Candida Doyle de Pulp[30] et Clint Boon de Inspiral Carpets[31] ont cité Dave parmi leurs influences. En France, c'est le cas d'Arnold Turboust[32] et de Françoise Wald dite Janine de WC3[33].

Discographie

En collaboration avec JJ Burnel

  • Fire and Water (Écoutez vos murs) (1982) - BO
  • Purple Helmets - Ride again (1988)
  • Purple Helmets - Rise again (1989)

Autres participations

  • Play Group - Love goes round (1984) : claviers sur deux titres
  • The Revenge - Wartime (1985) : claviers
  • Beranek - Daylight in the dark (1986) : claviers
  • Gaye Bikers on Acid - All Hung Up (1987) : claviers sur 1 titre
  • Mona Mur - Mona Mur (1987) : claviers
  • The Revenge - Sweet and Sour (1987) : claviers sur deux titres
  • Dani - N comme Never Again (1993) : claviers

Notes et références

  1. Buckley 1997, p. 29-30
  2. (en) John Robb, « Burning up time », Vive le rock, no 17,‎ avril 2014, p. 55-63
  3. (en) Chris Twomey, The Stranglers : The men they love to hate, EMI, 1992, chap. 1 Young dreams
  4. (en) Harry Doherty, « Band breakdown : Dave Greenfield », Melody Maker,‎ 17 septembre 1977
  5. Buckley 1997, p. 30
  6. « Enquête sur un vinyl (ou Dave avant les Stranglers) », sur stranglers-france.blogspot.fr, 24 septembre 2013 (consulté le 4 avril 2015)
  7. (en) « Rusty Butler (spot the Greenfield!) », sur samuelprody.com (consulté le 4 avril 2015)
  8. Cornwell et Drury 2001, chap. 1 : Rattus Norvegicus § Princess of the Streets
  9. (en) « Dave Greenfield-the interview », sur site officiel du groupe, 30 décembre 2011 (consulté le 4 avril 2015)
  10. Buckley 1997, p. 29
  11. (en) « JJ Burnel-punk rock part 2 », sur punk77 (consulté le 4 avril 2015)
  12. (en) Jack Kane, « The Stranglers », Record Collector,‎ février 2002, p. 36-43
  13. Buckley 1997, p. 43
  14. (en) Chris Marlowe, « Saucer Enforcer », Record Mirror,‎ 1981
  15. Buckley 1997, p. 30-31
  16. « Dave Grenfield: "je me suis retrouvé à jouer des claviers" », sur stranglers-france.blogspot.fr, 21 septembre 2013 (consulté le 4 avril 2015)
  17. (en) Chris Twomey, « Dave Greenfield, Moog maestro », Zig Zag,‎ mars 1982
  18. (en) Marc Jenkins, Analog synthesizers : understanding, performing, buying, Oxon, Focal Press, 2007, 322 p. (ISBN 978-02405-20728) :

    « Quelques groupes, dont les Stranglers, ont pris une direction plus new-wave qui pouvait comporter un excellent travail aux claviers. Go Buddy Go, No More Heroes et ainsi de suite constituaient de la musique punk rock, forte mais embellie par des lignes complexes et baroques aux claviers. »

  19. (en) James Delgado, « Strangler in the night », Keyboard review,‎ juin 1997
  20. (en) Marc Jenkins, Analog synthesizers : understanding, performing, buying, Oxon, Focal Press, 2007 (ISBN 978-02405-20728)
  21. Cornwell et Drury 2001, chap. 2 : No More Heroes § No More Heroes
  22. Buckley 1997, p. 260
  23. (en) Nick Hasted, « Monument men », Classic rock,‎ mars 2014
  24. C'est le cas de Dead Ringer et Peasant in the Big Shitty sur No More Heroes (Peasant in the Big Shitty figure également sur un 45 tours inédit sorti en même temps que le premier album Rattus Norvegicus), de Do You Wanna sur Black and White et de Genetix sur The Raven. Par contre, Dave chante Four Horsemen sur The Gospel According to the Meninblack parce que le groupe avait décidé qu'il chanterait dorénavant une chanson par album, ce qui ne se produira pas dans les faits d'après : Cornwell et Drury 2001
  25. Cornwell et Drury 2001, chap. 2 : No More Heroes § Bitching
  26. (en) Suze, « On stage », Strangled, vol. II, no 2,‎ mai 1980
  27. (en) Chris Twomey, « The Stranglers' stage equipment », Strangled, vol. II, no 17,‎ mars 1984
  28. programme officiel de la tournée Dreamtime de 1986
  29. (en) « On tour with Sil Willcox », Strangled, no 32,‎ avril 1991
  30. (en) Simon Beck, « Candida Doyle interview », Vintage keys, no 2,‎ 2002
  31. (en) Jack Foley, « An interview with the Inspiral Carpets », sur indieLondon, 2003 (consulté le 4 avril 2015)
  32. Christophe Conte et Etienne Daho, Une histoire d'Etienne Daho, Paris, Flammarion, 2008, 316 p. (ISBN 978-2081-206700)
  33. « Coup de Pouce-Françoise Wald », inconnu,‎ 1982 (lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) David Buckley, No Mercy : The Authorised and Uncensored Biography, Londres, Hodder and Stoughton, 1997 (ISBN 0-340-68065-2)
  • (en) Hugh Cornwell et Jim Drury, The Stranglers, Song by Song, Londres, Sanctuary Publishing, 2001 (ISBN 978-0-85712-444-9)


Liens externes

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