Darius Milhaud

Darius Milhaud

Date de naissance 4.9.1892 à Aix-en-Provence, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France

Date de décès 22.6.1974 à Genève, GE, Suisse

Darius Milhaud

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Darius Milhaud
Darius Milhaud en 1926

Naissance Marseille
septembre 1892 4 (4-09-1892) (2006 ans)
Décès Genève (Suisse)
juin 22 1974
Activité principale Compositeur
Formation Conservatoire de Paris
Enseignement Gustave Leroux, André Gédalge, Charles-Marie Widor, et Paul Dukas

Darius Milhaud, né le 4 septembre 1892 à Marseille et mort à Genève (Suisse) le 22 juin 1974, est un compositeur français de musique classique.

Biographie

Darius Milhaud est né le 4 septembre 1892, à Marseille[1]. Il est issu de lune des plus vieilles familles juives de Provence, originaire du Comtat Venaissin. Cette région du Vaucluse abrite depuis des siècles de nombreuses familles juives, dont la famille Milhaud, particulièrement reconnue pour avoir engendré Joseph Milhaud, fondateur en 1840 de la synagogue dAix-en-Provence. Parmi les membres de sa famille, on compte également José de Bérys, Francine Bloch (qui l'invitera, en 1961, à devenir le premier président de la Société des amis de la Phonothèque nationale de France et établira sa phonographie), Marcel Dassault et Pierre Vidal-Naquet.

Darius Milhaud est lunique fils dun négociant en amandes et dune mère née à Marseille. Ses parents sont musiciens amateurs. Son père fonde la Société Musicale dAix-en-Provence, et sa mère connaît bien les chants religieux. Darius montre des dons précoces, tout dabord pour le violon et la composition. A 17 ans, en 1909, il va à Paris pour étudier au Conservatoire de Paris, jusquen 1915. Ses professeurs ont pour nom Gustave Leroux en harmonie, André Gedalge pour le contrepoint, Charles-Marie Widor pour la composition et surtout Paul Dukas pour l'orchestration.

Ces années sont loccasion de multiples rencontres sur le plan musical et littéraire : il se lie damitié avec les musiciens Georges Auric et Arthur Honegger, et avec le poète Léo Latil, tué en 1915 lors de la Première Guerre mondiale. Il fait également la connaissance de Francis Jammes et de Paul Claudel en 1912, auteurs dont il mettra les textes en musique. La rencontre avec André Gide exerce aussi une influence importante.

Atteint de rhumatismes, Darius Milhaud est réformé de larmée, et échappe donc aux atrocités de la guerre. Il compose dans ces années des musiques de scène, notamment sur la trilogie Orestie dEschyle, traduite par Claudel. Il recourt alors à la polytonalité, ce qui devra rester comme lune des caractéristiques principales de sa musique. Cette amitié entre les deux artistes évolue dans le sens dune collaboration : Claudel, nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro, propose à Milhaud de devenir son secrétaire. Milhaud accepte. Il senthousiasme alors pour les musiques sud-américaines, quil insère dans les ballets L'Homme et son désir (1918-1921) et Le Buf sur le toit (1919-1920), ainsi que dans la suite de danses Saudades do Brasil (1920-1921).

De retour à Paris, il est associé par le critique Henri Collet au Groupe des Six, constitué de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre. Le mentor de toute cette équipe est Jean Cocteau. Fort de cette association, avec laquelle il écrit notamment la musique des Mariés de la Tour Eiffel (1921), unique uvre collective du Groupe des Six, sur un argument de Cocteau, Milhaud est également reconnu dans le milieu parisien pour ses uvres de jeunesse imprégnées dinfluences sud-américaines.

Il officie en tant que chef dorchestre, critique musical, ou même conférencier, et voyage abondamment, notamment à Londres en 1920, et aux États-Unis en 1922, où il découvre les rythmes du jazz qui vont profondément linfluencer pour son ballet La Création du monde (1923). Il continue à écrire plusieurs opéras sur des livrets de ses amis : Le Pauvre Matelot en 1926 sur un texte de Cocteau, et Christophe Colomb en 1930 sur un texte de Claudel. Il sintéresse également au cinéma et compose pour le cinéma. Toutefois, ses compositions jouissent dun succès mitigé, et son opéra Maximilien (1932) est accueilli fraîchement à lOpéra Garnier. Parallèlement, sa vie sentimentale est comblée par son mariage avec Madeleine, une cousine actrice. Ensemble, ils ont un fils, Daniel, né en 1930.

Sa production reste prolifique jusquau début de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle il doit fuir la France occupée parce quil est juif. En 1940, il part ainsi pour les États-Unis où il enseigne au Mills College dOakland, poste quil trouve à laide du chef dorchestre Pierre Monteux. Milhaud conserve cette place durant toute la guerre, et au-delà, jusquà 1971. Après la guerre, il retourne en France, en 1947, et se voit offrir un poste de professeur de composition au Conservatoire de Paris. Milhaud voyage ainsi beaucoup entre Paris et Oakland, et passe beaucoup de temps aux États-Unis, à lAcadémie Musicale dété dAspen au Colorado, et enseigne dans divers établissements américains. Malgré une santé de plus en plus fragile (des rhumatismes le font beaucoup souffrir), le compositeur reste donc un infatigable voyageur, même si son activité créatrice est ralentie. Il est couronné en 1971 par un fauteuil à lAcadémie des Beaux-Arts, et séteint le 22 juin 1974 à Genève, à lâge de 81 ans. Selon ses souhaits, il est enterré à Aix-en-Provence. Sa femme, Madeleine Milhaud, lui survivra plus de trente ans. Elle est décédée le 17 janvier 2008, dans sa 106e année, et est enterrée aux côtés de son mari, à Aix-en-Provence.

L'uvre musicale

Darius Milhaud sest intéressé à toutes les formes musicales imaginables : opéra, musique de chambre, musique symphonique, concertos, ballets, musique vocale, musique pour piano, etcEn tout, on ne compte pas moins de 426 uvres réparties en 354 opus, qui font de Milhaud lun des compositeurs les plus prolifiques non seulement du [[XX{{{2}}} siècle|XX{{{2}}} siècle]], mais aussi de toute lhistoire de la musique. Son style, mélange de lyrisme et de gaieté emprunte beaucoup aux musiques folkloriques, et au jazz, quil affectionne particulièrement pour ses rythmes syncopés. Milhaud explore toutes les possibilités de lécriture : à la fois fin contrapuntiste, il utilise fréquemment la polyrythmie et la polytonalité, qui rendent son uvre extrêmement riche et diverse. Quant au Groupe des Six, il sagit davantage dun canular de journaliste que dun vrai courant musical. Cette pseudo-école, parrainée par Erik Satie, prône un retour à la musique légère, comique, et simple. Le cirque nest pas bien loin. D'ailleurs, la création du Buf sur le toit en 1920 se fait avec les frères Fratellini sur scène. Georges Auric explique ces choix esthétiques ainsi : « Ayant grandi au milieu de la débâcle wagnérienne et commencé d'écrire parmi les ruines du debussysme, imiter Debussy ne me paraît plus aujourd'hui que la pire forme de la nécrophagie. » (revue le Coq et lArlequin)

Principales uvres

Opéra

Les opéras sont au nombre de 16, dont trois opéras minute (environ 7 minutes chacun) :

  • L'Enlèvement d'Europe
  • L'Abandon d'Ariane
  • La Délivrance de Thésée.

Deux opéras d'une durée courte (~ 30 minutes)

  • Le Pauvre Matelot
  • Les Malheurs d'Orphée

Autres opéras :

  • Esther de Carpentras
  • Christophe Colomb
  • Maximilien
  • Bolivar
  • David
  • Saint Louis Roi de France
  • La Mère Coupable
Musique de scène
  • Les Choéphores
  • Les Euménides
  • Le Faiseur de Simone Jollivet, d'après Honoré de Balzac. Opus 145 pour flûte, clarinette, saxophone et batterie. Paris, Théâtre de l'Atelier, 15 mars 1940
Ballets

Au nombre de 14, dont :

  • L'Homme et son désir
  • Le Buf sur le toit (1919)
  • La Création du monde (1923)
Musique symphonique

Milhaud attend 1939 pour entamer lécriture de symphonies. Elles seront au nombre de douze entre 1939 et 1960. Il écrit également des suites de danses, et une variété de concertos, pour piano, violon, violoncelle, alto, etc.

  • Saudades do Brasil, suite de danses
  • Suite provençale (1936)
  • Scaramouche op 165, pour saxophone alto ou clarinette en si bémol et orchestre (transcrit pour deux pianos op 165b).
  • 12 Symphonies

Concertos :

  • 2 concertos pour violoncelle et orchestre
  • 3 concertos pour violon et orchestre
  • 3 concerto pour alto et orchestre (dont un extrait des saisons)
  • 5 concertos pour piano et orchestre, ainsi que plusieurs oeuvres concertantes pour piano et orchestre et deux piano et orchestre avec soliste
  • Les quatre saisons, 4 concertinos pour divers instruments
  • Suite française Op. 248
Musique de chambre

La production de musique de chambre de Milhaud est tout aussi prolifique : pas moins de dix-huit quatuors à cordes, des quintettes et des suites pour vents, des sonates, des duos, et bien dautres pièces encore figurent au catalogue de lartiste.

  • La Cheminée du roi René, pour flûte, hautbois, clarinette, cor et basson.
  • 18 quatuors à cordes
Musique vocale

Milhaud a grandement contribué à élargir le répertoire vocal, autant pour voix solo que pour chur. Les textes mis en musique sont extrêmement divers, provenant aussi bien décrivains comme André Gide que du Pape Jean XXIII, dont lencyclique « Pacem in Terris » de 1963 sera mise en musique par le compositeur. Cest en effet dans la musique vocale que la religion prend une place importante chez Milhaud. Cest là quil renoue avec la religion qui est la sienne, le judaïsme. La toute dernière uvre de Milhaud, quil compose lannée de sa mort, est en effet une cantate « Ani Maamin », fondée sur un texte dElie Wiesel, déporté à lâge de quinze ans à Auschwitz. Les questions religieuses deviennent alors existentielles, et confinent à la philosophie.

  • Chants populaires hébraïques
  • Catalogue de fleurs
  • Le Retour de l'enfant prodigue
  • Service sacré du matin du Sabbat
  • Ani Maamin sur un livret d'Elie Wiesel
  • À propos de bottes
  • Un petit peu d'exercice
  • Un petit peu de musique
  • Les Soirées de Pétrograde,1919
  • Trois poèmes de Jean Cocteau,1920
Orgue

Darius Milhaud n'a - apparemment - jamais joué d'orgue, mais trouvait l'instrument en soi intéressant, pas seulement pour la multiplicité de ses plans sonores mais surtout pour la grande variété de ses timbres/sonorités.

  • Sonate Opus 112 (1931)
  • Pastorale Opus 229 (1941)
  • Neuf préludes pour orgue op. 231b (1942)
  • Petite suite op. 348 (écrite en 1955 spécialement pour le mariage de son fils Daniel)
Musiques de films (sélection)
  • 1915 : The Beloved Vagabond d'Edward José
  • 1921 : Le Roi de Camargue d'André Hugon
  • 1924 : L'Inhumaine de Marcel L'Herbier (partition réputée perdue)
  • 1927 : La P'tite Lili d'Alberto Cavalcanti (court métrage)
  • 1933 : Madame Bovary de Jean Renoir
  • 1933 : Hallo Everybody de Hans Richter (court métrage documentaire)
  • 1933 : Terre sans pain (Las Hurdes) de Luis Bunuel (documentaire)
  • 1934 : Tartarin de Tarascon de Raymond Bernard
  • 1934 : L'Hippocampe de Jean Painlevé (court métrage)
  • 1936 : Le Vagabond bien aimé (The Beloved Vagabond) de Curtis Bernhardt
  • 1937 : La Citadelle du silence de Marcel L'Herbier
  • 1938 : La Tragédie impériale de Marcel L'Herbier
  • 1938 : Mollenard de Robert Siodmak
  • 1939 : Les Otages de Raymond Bernard
  • 1939 : The Islanders de Maurice Harvey (court métrage documentaire)
  • 1940 : Cavalcade d'amour de Raymond Bernard (en collaboration avec Roger Désormière et Arthur Honegger)
  • 1945 : Espoir, sierra de Teruel d'André Malraux
  • 1947 : The Private Affairs of Bel Ami d'Albert Lewin
  • 1949 : La vie commence demain de Nicole Védrès (documentaire)
  • 1950 : Gaughin d'Alain Resnais (court métrage)
  • 1956 : Rentrée des classes de Jacques Rozier (court métrage)

Liste des uvres

Article détaillé : Liste des uvres de Darius Milhaud

Études sur Darius Milhaud

  • Francine Bloch, Hommage public à Darius Milhaud, (Paris, Sorbonne, 17 octobre 1974), Bulletin de la Phonothèque Nationale, n° spécial hors-série 1974
  • Francine Bloch, Phonographie de Darius Milhaud, Paris, Bibliothèque Nationale, 1992
  • Michel Faure, « Milhaud, compositeur de géorgiques », in Du néoclassicisme dans la France du premier XXe siècle, Klincksieck, 1997, ISBN 2-252-03005-4

Filmographie

  • Darius Milhaud et sa musique, film documentaire de Cécile Clairval-Milhaud, France, 2010, 60'

Notes et références

  1. Beaucoup des biographes de Milhaud le disent né à Aix-en-Provence, mais l'acte n° 514 en date du 6 septembre 1892 de l'état civil de Marseille (registre des naissances) indique qu'il est né dans cette ville « avant-hier à 2 heures du soir, place Saint-Ferréol, 3, de Gad Gabriel Milhaud, âgé de trente-neuf ans, banquier, et de Sophie Allatini, âgée de vingt-quatre ans, sans profession, mariés, et demeurant à Aix (Bouches-du-Rhône) ». Le nom et l'adresse d'un des témoins (Emile Allatini demeurant place Saint-Ferréol, 3) permettent de supposer que la future mère était revenue dans sa famille pour l'accouchement

Liens externes

Dernière modification de cette page 10.09.2010 22:10:56

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